Les combats de Fernand au sein de ses deux régiments

La bataille de Morhange, 20 août 1914:

20 éme Corps, 39 éme Division d'infanterie, 77 éme brigade, 153 éme RI





rolonge la gauche du 20e Corps, face à la côte de Delme
Le 20e corps fidèle à ses traditions, est toujours en avant, avec ses premiers éléments de part et d'autre de Château‑Salins . Le gros des forces se trouve sur la Seille. 


Le 18 août, au soir, le général de Castelnau prescrit à son armée de passer le 19 à l'attaque de la position Morhange‑Bensdorf.
Le 20e Corps s'avancera en direction générale de Faulquemont toujours couvert en arrière et il gauche par la 68e division.

Journée du 19 août

Le 20e Corps se porte au‑delà de la Seille, couvert en avant par le 4e bataillon de chasseurs. Des détachements de cavalerie éclairent sa marche.
Au cours de cette journée, l'artillerie allemande se montre assez active ; les colonnes du 20e Corps sont soumises à des tirs de 77; mais les obus éclatent haut, et font plus de bruit que de mal.
Nos soldats s'habituent déjà à cette guerre, qui ne leur semble pas encore bien terrible. Beaucoup d'entre eux s'imaginent qu'au prix d'un léger effort nous foulerons bientôt le sol allemand, et que nous laisserons en arrière cette Lorraine reconquise, où nos diables bleus, nos marsouins et nos pantalons rouges sont partout accueillis comme des libérateurs. Il fait une chaleur accablante.
Qu'importe ? On avance avec une joie folle; on examine curieusement, au passage, des tranchées désertes où traînent des casques à pointe et des cartouchières; on se désigne curieusement les uns aux autres des mâts inutiles; nul ne se doute que ce sont là des jalons tout prêts pour le tir des artilleurs ennemis.

Au soir du 19, le 20e Corps atteint la ligne Oron (43e colonial) ‑ Château‑Bréhain ( 39e division)  Pevange‑Conthil (11e division)

Les instructions envoyées le 19 août par le général de Castelnau ne prescrivaient pas impérativement au 20e Corps de rester sur la défensive. Le commandant de la 2e  Armée avait même prévu que la 39e division adopterait un dispositif lui permettant de reprendre éventuellement l'offensive.
Le général Foch, chef du 20e Corps, pense, le 20 au matin, que les circonstances lui font un devoir de passer à l'attaque, et qu'un vigoureux effort de ses magnifiques troupes suffira pour enfoncer le front adverse et décider du sort de la journée. Il donne donc des ordres en ce sens
.
Mais le général de Castelnau, le 20 août, à 6h25, a envoyé de nouvelles instructions à son subordonné, pour lui recommander, formellement cette fois, de rester sur place.
Le général Foch reçoit à 7h15 les ordres de son chef.
Trop tard, malheureusement : le 20e Corps est engagé à fond.

Le général Foch est dans l'impossibilité d'exécuter cet ordre, car la 11e division est sérieusement accrochée entre Lidrequin et la cote 238. II ne peut, d'autre part, enlever la moindre unité à la 39e division, car celle-ci est à son tour extrêmement menacée
Cette 39e division (146e,153e,156e, et 160e régiments d'infanterie et 41e,43e régiments d'infanterie coloniale) s'est ruée de Château‑Bréhain et Oron vers Marthil et Chicourt. Elle a été soumise à un feu violent de l'artillerie allemande, cette artillerie se trouvant renforcée par les grosses pièces amenées du camp retranché de Metz. La 39e division a subi des pertes irréparables.

Vers 7h30, la situation devient plus tragique encore. Le IIIe Corps bavarois débouche de la région de Destry, et se lance à la contre-attaque dans le flanc gauche de notre 39e division L'offensive de nos troupes est immédiatement enrayée. La poussée ennemie se fait de plus en plus violente. Partout des masses « feldgrau » surgissent des bois, où elles se dissimulaient, et se glissent dans les avoines. Les Bavarois avancent, en tirant sans relâche. Ils sont à 200 mètres, puis à 100 mètres de nos lignes.
C'est presque à bout portant qu'on se fusille. En vain les canonniers du 8e et du 60e d'artillerie couvrent de projectiles les formation ennemies.

 Leurs pièces sont prise à partie par les artilleurs allemands, et nos canons, les uns après les autres, doivent se taire. Plusieurs de nos batteries sont enlevées après un sanglant corps à corps. L'infanterie bavaroise est partout, venant de partout.

Les marsouins du 43e tiennent énergiquement; ils ne cèdent que pied à pied le terrain. Des vides se creusent sans cesse clans leurs rangs. Il semble que toute la 39e division doive être submergée par la vague gris vert

. A 8 heures, notre retraite se dessine sur Château‑Salins. Les coloniaux vont résister encore, au prix des plus durs sacrifices, pour contenir laperions de l'ennemi sur notre gauche, et permettre à la 39e division de se dérobera l'étreinte des Bavarois. Un ardent soleil embrase le champ de bataille. Des villages commencent à flamber. Les batteries allemandes tonnent avec fureur. Les coloniaux ne se retirent qu'au commandement, une fois leur mission accomplie.




Monument aux morts de Morhange



La bataille des Flandres: Zonnebeke, mars 1915



Dans les premiers mois de 1915, le général Joffre, commandant en chef de l’armée française, considère que le renforcement des Alliés sur le front ouest doit leur permettre l’initiative d'une offensive. Manoeuvre devant, non seulement tendre à rompre le front allemand, mais aussi à soulager la pression exercée sur les troupes russes, à l'Est.

French, côté britannique, partage la même vision des choses, considérant, en outre, que la guerre de tranchées influe désastreusement sur le moral des troupes.

Le plan élaboré par Joffre consiste à réduire le saillant allemand fixé en octobre 1914, en l’attaquant à ses deux extrémités, par l’Artois, au Nord, et en Champagne, au Sud-Est.

Dans cette perspective, en Artois, la reprise, par les Alliés, des réseaux ferroviaires de la plaine de Douai, s'avèrerait à coup sûr très préjudiciable pour les Allemands.

La réorganisation du dispositif britannique, liée à la relève des troupes en position à Ypres et aux préparatifs de l’opération des Dardanelles, incite French à déclencher une offensive indépendante et préalable à celle initiée par les Français dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette.



L’objectif initial sera limité. Le but de la mission consistera en la prise du village de Neuve-Chapelle, qui forme un saillant allemand dans les positions britanniques.

La tactique déployée sera propice à s’emparer de la crête d’Aubers ; ce point du relief surélevé de quelques mètres au-dessus de la plaine avoisinante et qui constitue un observateur de choix...

Les Britanniques, de leur côté, pensent également possible de pouvoir ainsi déboucher à l’arrière du front et de menacer les défenses de Lille, ville toute proche et qui est un carrefour routier et ferroviaire important du secteur.











2éme Bataille d'Artois, mai 1915


La première bataille d'Artois, ou deuxième bataille de l'Artois, se déroule à l'extrême Sud-Ouest du front occidental, au printemps 1915. Ces opérations militaires ont pour but initial de rompre le front de l'adversaire ; elles se déroulent, juste au Nord d'Arras, du 9 mai à juin 1915.

Le matin du 9...
A 4h30, les troupes d'attaque se trouvent en place.
Il fait un temps magnifique ; la veille, le soleil et le vent ont asséché la boue qui rendait la circulation difficile dans les boyaux.
A 6 heures, la préparation d'artillerie commence en force.
Les tirs semblent parfaitement ajustés ; les coups portent de plein fouet sur les ouvrages allemands ; même les défenses accessoires sont touchées.

Entre 14h00 et 15h30, une série d'engagements confus et segmentés, amène le commandement à un mouvement de repli général jusqu'au chemin creux s'étendant de la lisière Sud-Est de Souchez à Neuville-Saint-Vaast.

Malgré un beau succès initial, il n'a pas été possible d'enlever Souchez ou Neuville-Saint-Vaast des griffes allemandes. Il devient évident que l'ennemi a renforcé sa position et que son organisation s'est révélée efficace et plus solide que les Français ne l'avaient supposée.

Du 27 mai au 2 juin, il n'y a plus guère que des actions locales à constater.
A Neuville Saint-Vaast, une attaque générale, menée sur les deux flancs du village, par la 5e division, est arrêtée par des feux d'artillerie et de mitrailleuses.
Au niveau de l'ouvrage du Labyrinthe, une partie importante des organisations allemandes sont conquises et la progression continue avec succès à coups de grenades.
A ce propos, durant trois jours, la 53e division consommera 24.000 de ces engins pendant la durée de l'opération.

Le 33e corps enlèvera Ablain-Saint-Nazaire et la sucrerie de Souchez. Ensuite, il  investira le parc de Carieul et le village de Souchez. Enfin, la commune de Neuville Saint-Vaast, disputée maison par maison, dans une lutte rageuse et opiniâtre, tombera aux mains de la 5e division, alors que la 53e s'emparera de la quasi totalité de l'ouvrage du Labyrinthe.
L'objectif fixé comme base de départ, et établi par le général d'Urbal, se trouvera sur le point d'être intégralement conquis et la 10e Armée reprendra son offensive d'ensemble.


Pour la période du 9 mai au 16 juin, les pertes françaises s'élevèrent à : 2.260 officiers, dont 609 tués ; 100.240 soldats, en ce compris 16.194 tués, 63.619 et plus de 20.000 disparus.























Neuville Saint- Vaast et le labyrinthe

Aucun village du secteur n’a été organisé aussi fortement que Neuvill Saint-Vaast. Les caves de chaque maison sont revêtues d’une couche de béton d’au moins un mètre d’épaisseur et au-dessous sont creusés des abris à l’épreuve des gros obus où les Allemands se terrent pendant les bombardements. Les caves communiquent entre elles, ce qui permet d’aller et venir d’un bout à l’autre du village sans danger ; au ras du sol enfin, sont percés des créneaux de tir et, à chaque carrefour, des abris bétonnés flanquent les maisons ; ils renferment des mitrailleurs retenus parfois prisonniers à côté de leurs pièces par des grillages fermés à clef.

Le 15 mai, après cinq jours de combats ininterrompus, les Allemands sont chassés de la masse principale de Neuville. Ils restent toutefois solidement retranchés dans toute la partie nord et dans quelques groupes de maisons de la partie ouest du village. Ils s’y accrochent désespérément. L’artillerie doit pulvériser chaque maison. Jusqu’au 9 juin, le communiqué français mentionnera journellement le nom de Neuville-Saint-Vaast, relatant d’une phrase laconique les furieuses attaques livrées pour enlever, un par un, les derniers centres de résistance.
Dans d’anciens champs de culture, à cheval sur une croupe, les Allemands avaient édifié un immense ouvrage d’apparence inexpugnable, ayant près de deux kilomètres de côté et s’étendant des abords d’Ecurie aux organisations de Neuville-Saint-Vaast.
Cet ouvrage, "position plus forte, a dit un communiqué, que ne le sont souvent des fortifications permanentes", est devenu célèbre sous le nom de Labyrinthe. C’était un amoncellement de sacs de terre et de ciment qui formaient des kilomètres de tranchées et de boyaux s’entre croisant en tous sens, se prolongeant sous terre par de profonds abris, défendus par des canons sous coupoles et, à tous les vingt-cinq mètres, par des mitrailleuses, flanqués de fortins et de blockhaus bétonnés, protégés par des réseaux de fils de fer barbelés en rangs serrés et épais...
Le 9 mai, le Labyrinthe peut être seulement entamé dans sa partie sud, la préparation d’artillerie ayant été trop courte pour bouleverser les défenses de l’ouvrage. Il fallut suspendre l’attaque et procéder à de nouveaux et longs tirs de destruction.
Le Labyrinthe fut conquis morceau par morceau du 30 mai au 17 juin. La lutte se poursuivit sans arrêt et fut d’un acharnement extrême. En une seule journée, l’artillerie lança sur la position et ses abords près de 300.000 obus, presque autant que toute l’artillerie allemande pendant la guerre de 1870.





 Champagne: Beauséjour, septembre 1915





L'offensive

Commença le 22 septembre, la préparation d'artillerie, formidable, 
incessante, plongeant les Allemands dans la stupeur et l'effroi.
Elle broya d'abord à grande distance les bivouacs de cantonnement et les bifurcations de voies ferrées.
Puis, sous la pluie de nos projectiles, l'ennemi vit sa première position anéantie, et tout ravitaillement lui devint impossible. Pendant soixante-quinze heures, sans arrêt, et par cent mille, nos obus écrasèrent tranchées, abris, boyaux, fils de fer et défenseurs.
Des officiers allemands calculèrent que, dans un secteur de cent mètres de largeur sur un kilomètre de profondeur, il était tombé 3600 projectiles par heure.
Un temps très beau et très clair favorisait le réglage et aidait fort à propos l'adresse de nos canonniers.

Malheureusement, dans la nuit du 24 au 25, le ciel s'emplit de gros nuages, et des torrents d'eau vinrent délayer cette terre molle et blanchâtre de la Champagne.
La question se posa à l'État-Major de savoir s'il n'y avait pas lieu de retarder l'attaque pour attendre de meilleures conditions atmosphériques.
Mais, malgré son importance, l'approvisionnement en munitions ne permettait pas de prolonger davantage la préparation d'artillerie. D'ailleurs, le temps parut se remettre au beau.
Le 23, un ordre du jour du Généralissime avait demandé à nos soldats :
«D’y aller à plein cœur pour la délivrance de la Patrie et pour le triomphe du Droit et de la Liberté. »
« Votre élan sera irrésistible, disait-il. Il vous portera d'un premier effort jusqu'aux batteries de l'adversaire, au-delà des lignes fortifiées qu'il vous oppose. Vous ne lui laisserez ni trêve, ni repos, jusqu'à l'achèvement de la victoire. »
C'était là une fière réponse aux Allemands qui, depuis un mois, lançaient dans nos tranchées d'insolents messages portant ce défi :
« A quand votre fameuse offensive? Nous vous attendons. »

Dans ses directives aux chefs de grandes unités, Joffre insistait sur ce point qu'il s'agissait de gagner en profondeur le plus de terrain possible sur l'ennemi. Il recommandait de mettre à profit l'ardeur offensive et l'esprit de sacrifice de notre cavalerie, depuis si longtemps inemployée, et cependant si impatiente de retrouver son rôle dans les combats.

Le 24, on se prépara avec entrain à la grande attaque. Un immense champ de bataille s'ouvrait aux élans.

 Il s'étendait sur une largeur de 25 kilomètres, d'Aubérive à Ville sur Tourbe, dans un paysage crayeux, creusé, çà et là, de dépressions de terrain, et bordé, au nord est, par l'Argonne. L'uniformité morne de ces plaines n'était rompue que par de nombreux bois de pins, toujours pareils, à qui leurs formes géométriques servaient d'appellation : le bois Carré, le bois en Losange, en Trapèze, etc.
D'autres noms obscurs désignaient les différents points de cette étendue grise qui, sous son apparence immobile et silencieuse, recelait partout la mort : la ferme de Navarin, l'Épine de Vedegrange, le Trou Bricot, la butte de Tahure, la Main de Massiges.
L'héroïsme de nos soldats allait leur donner dans le monde entier une renommée éternelle.

Les troupes passèrent la nuit du 24 au 25 dans les places d'armes, à l'arrière des crêtes, en attendant l'heure H, qui devait donner à tous le signal de l'assaut.
Ce déplacement à travers l'étroit réseau des boyaux et des parallèles n'alla pas sans peine pour la plupart des régiments et bataillons, les ordres de départ ayant souvent été donnés avant que le passage fût libre. La première et la deuxième ligne regorgèrent bientôt de soldats dont les rangs pressés et immobiles arrêtaient la marche de ceux qui suivaient.
Dans la nuit opaque, sous la pluie presque incessante, bien des cohues jetèrent les combattants les uns sur les autres, sans altérer leur entrain ni leur belle humeur.

Le 25 septembre

Le jour paraît, gris et humide ; l'heure H est fixée à 9h15... Un commandement part : « En avant !,Vive la France !! » Sans hésitation, sur toute la largeur de l'immense front, les fantassins bleus bondissent au-dessus des parallèles de départ et s'avancent en vagues simultanées et correctement alignées.
La surprise de l'ennemi est si complète que ses tirs de barrage restent sans intensité.

Beauséjour


Dans le secteur de Beauséjour se dresse la butte du Mesnil.
Aux alentours de la butte, le 160e régiment d'infanterie avait atteint d'un seul bond la première ligne allemande. Il allait se ruer sur l'ennemi lorsque, subitement, se révélèrent, à gauche, deux mitrailleuses.
Surpris, déconcertés, voyant déjà leurs rangs décimés, nos fantassins s'arrêtent, puis refluent précipitamment vers la droite. Le feu des deux mitrailleuses bloque plusieurs sections du 160e dans la parallèle de départ.
Ces sections ne peuvent plus déboucher; instant critique et angoissant pour ceux qui s'entassent dans la parallèle, d'où ils peuvent suivre les progrès de notre première vague d'assaut sans pouvoir accourir en renfort.

Tout à coup, dans l'espace restreint qui sépare les lignes adverses et qui est devenu désert sous le feu des mitrailleuses, les fantassins bloqués voient s'avancer tranquillement, comme sur un terrain de manœuvre, des cavaliers à pied.
Ceux-ci établissent une sorte de route sur le terrain terriblement battu par le feu de l'ennemi.
En effet, deux escadrons du 5e hussards ont reçu l'ordre de se porter, sous les ordres du commandant de Lavigerie, à l'attaque de l'ouvrage de la Défaite, et de s'emparer des batteries.
Ces escadrons s'ébranlent avec une magnifique et insouciante crânerie.
La pluie fine, presque ininterrompue depuis le matin, a rendu le terrain glissant. Ils franchissent les tranchées françaises sur des ponceaux étroits où les chevaux patinent comme sur de la glace, et l'extraordinaire course ne connaît plus d'obstacles.
La crête à peine franchie, un tir de barrage accable les intrépides escadrons et jette quelque trouble dans leurs rangs.
Conduite avec une admirable vaillance par le capitaine des Moutis, l'étrange chevauchée arrive sur un terrain montueux, puis sur une tranchée allemande d'où crépitent la mousqueterie et les mitrailleuses.
Les défenseurs de l'ouvrage, qui jusqu'alors ont résisté avec la plus grande bravoure, lèvent les bras d'un air d'épouvante. Nos hussards les sabrent, traversent au galop tout le terrain de la première position et, bien que réduits à une poignée d'hommes, s'élancent avec une folle impétuosité vers la seconde ligne.
Les Allemands regardent, regardent de tous leurs yeux.

Et il leur est donné de voir celle chose inouïe : De l'imprévu et la soudaineté de celle charge, les mitrailleuses ennemies, qui avaient nargué le canon et bravé l'infanterie, viennent de se taire.
En effet, ce qui reste des deux escadrons atteint la deuxième ligne allemande.
Là, malheureusement, un inextricable réseau de fils de fer intacts empêche les chevaux d'avancer.
Les cavaliers sautent à terre, abandonnent leurs montures, et se mettent à cisailler les réseaux. Ils sont encouragés par le maréchal des logis Level, qu'une balle mortelle empêche bientôt de s'exposer davantage.
Un fortin les couvre de feux croisés de mitrailleuses.
Q'importe !
Ces héros bondissent dans le retranchement ennemi, fusillent ou assomment ceux qui leur résistent, si bien qu'épouvantés par tant d'audace 600 Allemands se rendent aussitôt.

Le résultat cherché était obtenu. Le secteur dégagé, les renforts pouvaient se porter en avant

Cependant, au nord de Beauséjour, sur la butte du Mesnil, nos fantassins franchissaient cinq lignes successives, profondes de quatre cents mètres, de la route de Perthes-Cernay à Maisons-de-Champagne.
A la gauche du Corps colonial, la 39e division d'infanterie atteignait le bois des Vingt-Mille, puis se lançait à l'attaque de Maisons de Champagne où les Allemands, surpris et désemparés, se rendirent.

A 14 heures, la même division participa avec succès à l'attaque de l'ouvrage de la Défaite, mais elle éprouva là des pertes cruelles.
De son côté, la 11e division progressa avec difficulté vers la butte du Mesnil.
Sur cette partie du terrain, l'artillerie ennemie fut abordée à la baïonnette.
Une compagnie, ayant perdu tous ses officiers, s'empara de onze mitrailleuses et deux batteries de 77.












Verdun: froideterre et bois Albin devant Douaumont, février-mars 1916

La surprise de l’attaque allemande


Et c'est ainsi que l'assaut du 21 février 1916 fut pour nous une surprise.
Le temps, pluvieux depuis le début du mois, s'était rasséréné, après quelques jours de violentes bourrasques qui avaient empêché nos avions de sortir.
Le dimanche 20 février avait été une journée de soleil radieux ;et c'est par un beau froid sec que, le 21 au matin, à 7h15,se déclenchait le «trommelfeuer».
Un ouragan d'acier s'abattait sur nos lignes, depuis Malancourt jusqu'aux Eparges.
Pendant que nos tranchées étaient soumises à un tir massif qui crevait les abris, retournait les parapets, comblait les courtines, les villages et les forts plus en arrière : Marre, Vacherauville, Charny, Douaumont, Vaux, étaient écrasés par les gros calibres. Sur Verdun tombaient des 380; l'un des premiers défonçait la façade du collège Marguerite.
En même temps, des tirs d'interdiction à obus spéciaux, étaient exécutés sur les routes, pistes et nœuds de communications, de manière à empêcher l'arrivée de renforts et à isoler la portion du front que l'on voulait enlever.

C'était la méthode employée par nous en Champagne, mais singulièrement amplifiée et perfectionnée.
La violence du bombardement dépassa en intensité tout ce que l'on avait pu voir jusqu'alors. Nos observateurs renonçaient à noter toutes les batteries repérées en action. Les bois de Consenvoye, d'Etrayes, de Crépion, de Moirey, la côte de Romagne, les forêts de Mangiennes et de Spincourt, qui recelaient l'artillerie boche, rougeoyaient comme des forges.


JMO 77 éme brigade

JMO 77 éme brigade

JMO 77éme brigade

JMO du 153 éme RI
JMO 153 éme RI
JMO 153 éme RI
JMO 153 éme RI

Le vendredi 25, en effet, débouchant de Samogneux et du bois des Fosses, les Boches assaillent la côte du Talou et Louvemont. Arrêtés devant le Talou, grâce à nos feux de la rive gauche, ils réussissent à Louvemont, et pénètrent dans le village dès 15 heures.
Cependant, trompant la vigilance du 3e bataillon du 95e régiment d'infanterie qui occupait le village de Douaumont, un groupe du 24e régiment d'infanterie prussienne s'emparait du fort de Douaumont .
Sans doute, nous résistions (95e régiment d'infanterie) dans le village à tous les assauts ; mais la prise par l'ennemi de Douaumont était pour nous une perte sensible.
C'était le meilleur observatoire de la rive droite (il culmine à 388 mètres) qui tombait aux mains de l'adversaire.
D'autre part, la 37e division d'infanterie ne pouvait se maintenir sur la côte du Talou. Elle devait se replier sur Vacherauville et la côte du Poivre. A l'est, enfin, nous abandonnions la Woëvre pour ramener nos lignes au pied des côtes de Meuse.

Le lendemain, 26, les Allemands lançaient de par le monde un radiogramme triomphant :
« A l'est de la Meuse, devant S. M. l'Empereur et Roi qui était sur le front, nous avons obtenu des succès importants. Nos vaillantes troupes ont enlevé les hauteurs au sud-ouest de Louvemont, le village de Louvemont et la position fortifiée qui est plus a l'est. Dans une vigoureuse poussée en avant, des régiments du Brandebourg sont arrivés jusqu'au village et au fort cuirassé de Douaumont qu'ils ont enlevé d'assaut. Dans la Woëvre, la résistance ennemie a cédé sur tout le front dans la région de Marchéville (au sud de la route nationale Paris-Metz). Nos troupes suivent de près l'ennemi en retraite. »

La ruée allemande était d'ores et déjà bloquée, et nul moins que le Commandement allemand ne pouvait s'y tromper.


Cependant, il allait s'obstiner pendant cinq mois dans une tentative sans issue et qui devait 
entasser sur ce coin de terre un demi-million de cadavres




























Le 153 éme RI  perdit 1200 hommes durant ces combats



Verdin: avril 1916 Malancourt-Béthincourt au Bois Camard et cote 304

5 avril - Perte du village de Palavas (rive gauche)
Rive droite
A matin, le 1er bataillon du 74e R.I. repousse une nouvelle attaque mais subit de lourdes pertes.
Vers 16 h, il part à l'assaut et parvient cette fois-ci à prendre une partie du boyau Hans. Il réalise ainsi une importante progression.
Rive gauche
Le bombardement allemand est très violent sur les villages de Haucourt, Vassincourt et Palavas. Les forces françaises qui tiennent ses positions sont littéralement broyées sous les obus et succombent petit à petit.
Témoignage de Lucien JOURDAN, sergent au 48e R.I. : " Je mets la tête hors du boyau pour essayer de reconnaître les morts qui sont étendus là. Seul, car tout le monde est terré, je suis épouvanté devant ce gigantesque charnier et suffoqué par l'odeur qui s'en dégage.
A perte de vue, la terre est recouverte de cadavres : tout est changé : les vivants sont sous terre et les morts sur la terre "
A 16 h, malgré un pilonnage français assez soutenu, l'ennemi se lance à l'attaque sur Palavas. A 18 h, le village de Palavas est perdu. Un seul survivant français parviendra à rejoindre les 2e lignes.
A la nuit, 2 bataillons du 26e et un du 153e R.I. reçoivent l'ordre de contre-attaquer le village perdu. Mais il est trop tard pour espérer une reconquête du village. Ils se mettent néanmoins en route.
Sur Béthincourt, un bataillon du 37e R.I. repousse une attaque allemande.
haut - milieu - bas

6 avril
Rive droite
De 7 h à 14 h, sur les pentes du fort de Douaumont et le bois Morchée, tenues par le 129e R.I., même bombardement que le 4 avril.
Après 14 h, une attaque allemande est repoussée par les canons et les fusils français.
Le 3e bataillon du 129e R.I. reçoit l'ordre de poursuivre l'effort entrepris le 4 avril, et de reprendre la tranchée Morchée et le boyau Vigoureux qui ont été perdus le 2 avril. D'un seul élan, les 9e et 10e compagnies s'élancent et reprennent le terrain.
Plus tard, 2 contre-attaques allemandes sont repoussées mais les pertes françaises sont importantes.
Rive gauche
Vers 4 h 40, les 3 bataillons (26e R.I et 153e R.I.) partis la veille au soir, s'avancent sous le barrage allemand et viennent s'enterrer devant le village de Palavas. Le bombardement est si important et la situation si précaire qu'une tentative d'attaque est insensée.
Cette action, réalisée trop tard, ne permet donc pas la reconquête du village, mais stop néanmoins l'ennemi et l'empêche de continuer sa progression au delà du village.
Les 2e et 3e bataillons du 59e R.I. s'emparent de la lisière sud du bois d'Avocourt.
La 4e compagnie du 83e R.I. s'empare de la corne ouest du bois d'Avocourt avant que les Allemands aient pu tirer un coup de fusil. Elle s'organise sur la position qu'elle vient de conquérir. Plus tard, elle repousse plusieurs retours offensifs.
Du côté français, en dépit des combats qui continuent, la journée est passée à tenter de rétablir la liaison entre les différents éléments isolés sur le champ de bataille, et les nombreux tronçons et boyaux.
haut - milieu - bas

7 avril
Rive droite
Le 129e R.I. est toujours en ligne sur les pentes du fort de Douaumont et le bois de Morchée. Il tient le secteur depuis 4 jours et ses forces commencent à s'amenuiser.
Des éléments du 3e bataillon ont repris des positions ennemis, la tranchée Morchée et le boyau Vigoureux. Et les hommes vivent à présent au milieu des cadavres allemands et français durcis par le froid. L'eau manque cruellement et le ravitaillement ne passe plus. La fatigue, les privations, la peur, la tension nerveuse commencent à rendre les corps douloureux. Les cartouchières et les caisses de grenades se vident peu à peu.
Dans la matinée, ces hommes repoussent 4 nouvelles attaques.. A la 5e, ils sont débordés et contraint malgré eux à évacuer la tranchée Morchée.
L'après-midi, l'habituel bombardement allemand reprend.
Rive gauche
Au matin, 2 compagnies du 37e R.I. dans le secteur de Palavas, tentent de reprendre un élément de tranchée devant eux. C'est un échec.
Jusqu'à 17 h, violent bombardement allemand par obus lacrymogènes et de gros calibres au sud d'Haucourt, positions tenues par le 153e R.I.
A 17 h 30, l'ennemi s'élance et s'empare des villages de Peyrou et de Vassincourt. Le 153e R.I. doit se replier sur le bois Camard.
Aussitôt, plusieurs bataillons du 146e R.I. sont alertés et montent en ligne à Montzéville. Ils s'avancent entre le bois Camard et le bois Equerre.
Le 160e R.I. se positionne au village de Vigneville.
Le 156e R.I. qui est en réserve, se prépare.
De son côté, le 26e R.I. devant Palavas depuis la veille, résiste énergiquement.


8 avril - Perte du village de Béthincourt (rive gauche)
Rive droite
A 3 h, le 129e R.I. subit une nouvelle attaque à la grenade. Il doit céder un poste ainsi qu'une barricade. Il contre-attaque à la baïonnette et rétablit la situation.
Toute la journée, le bombardement de très gros calibres s'abat sur le fort de Vaux et ses alentours.
Au soir, les 36e et 129e R.I. lancent une attaque sur les tranchées Couderc et Morchée. Les hommes parviennent à enlever la 1ère ligne et à progresser dans la seconde.
Rive gauche
Deux bataillons du 160e R.I. et 1 du 146e reçoivent l'ordre de reprendre les ouvrages perdus la veille (ouvrages de Vassincourt, Peyrou et Palavas). Ils doivent s'élancer à 4 h de la pointe nord du bois Camard et de la lisière sud du bois Equerre. Cependant, suite aux pertes subies durant le bombardement allemand, l'attaque ne peut avoir lieu.
Au soir, suite à l'avance qu'ont réalisée les Allemands les jours précédents, les positions françaises au sud du ruisseau des Forges sont devenue très précaires. Ainsi, le village de Béthincourt est encerclé aux ¾. Le général Pétain donne l'ordre d'évacuer le village pendant la nuit.
Les nouvelles positions en retrait sont renforcées par la 11e D.I. (26e, 37e, 69e et 79e R.I.) et la 39e (146e, 153e, 156e et 160e R.I.).
" Tous les combats du 4 au 8 avril ont coûté de grosses pertes à la 21e brigade ; 20 officiers et 800 hommes environ au 26e R.I., plus de 30 officiers et de 1 300 hommes au 69e. L'artillerie de campagne a tiré 120 000 coups pendant la nuit du 5 au 6 et la journée du 6. "

Le champ de bataille de Verdun tel qu'il sera à la fin de l'année


Front au 8 avril 1916


Verdun:cote 304, juin 1917

356 éme RI

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